Le Rite Français et le Chapitre « La Rose-Croix du Léman »

La Rose-Croix du Léman




Tabliers




Le Rite Français Moderne, avec ses deux versions dites RFM Rétabli et RFM Traditionnel, est sans doute le plus ancien Rite de la Maçonnerie spéculative encore pratiqué. Il est issu de la Grande Loge de Londres de 1717 (dite des « modernes »). Sa structure de Hauts Grades comporte 4 Ordres, entièrement régulé par les instances fondatrices entre 1784 et 1786, plus un 5e Ordre en deux grades, qui ne sont pas pratiqués dans les Chapitres, mais seulement au sein des Suprêmes Conseils, et ce depuis 1999

Historique

En 1717 se forme la Grande Loge de Londres. En son sein, dans la décennie 1725-1735, se met en place un système en trois grades, connu par la publication en 1730 de la Masonry Dissected de Samuel Prichard. La franc-maçonnerie qui s'implante en France vers 1725 est issue de la Grande Loge de Londres. Le rite traduit en français est pratiqué par la quasi-totalité des loges qui se créent dans le royaume et n’a pas un nom particulier qui le définit.


L'apparition d'autres systèmes maçonniques, dits presque toujours « écossais », la volonté du Grand Orient de France d'organiser et de contrôler la franc-maçonnerie française, et le désir de nombreuses loges d'avoir une version universelle des rituels, provoquent la fixation d'un rite qualifié en 1785-1786 de « Français ». Au sein du Grand Orient, pour les grades bleus, dans la 4ème chambre dite Chambre des Grades, créée en 1782, et au sein du Grand Chapitre Général de France, quelques frères, notamment Alexandre-Louis Roëttiers de Montaleau, ont mené à bien ce travail. En 1785, le modèle français est à peu près fixé. En 1786 le Grand Orient propose un texte de référence pour les trois grades bleus, diffusé sous la forme de copies manuscrites. L'ensemble est désigné sous le nom de Rite Français. Les trois premiers sont d'origine anglaise. L'objectif est en fait de se distinguer des divers systèmes dits écossais, souvent élaborés ou synthétisés en France, mais qui ne viennent pas d'Écosse.


La Révolution passée, en 1801, le Grand Orient le fixe et il est imprimé sous le titre Le Régulateur du Maçon selon le Régime du Grand Orient. On notera qu'au début du siècle, ledit Régulateur du maçon (1801) inspiré du Rite des Modernes, et le Guide des maçons écossais (1803), en partie inspiré du Rite des Anciens, texte de référence du Rite Écossais Ancien et Accepté, divergent plus sur la forme que sur l'esprit. Pourtant la concurrence de ces deux rites conduit à un effet de nomination.

Le terme de Rite Français va ensuite s'imposer dans le dernier tiers du XIXème siècle. Quoi qu'il en soit, durant tout le XIXème siècle, la différenciation entre Rite Français et écossisme va aller en croissant.


En 1858, une nouvelle rédaction du Rite Français dit Murat, est publiée, le texte n'est guère différent de celui du Régulateur du Maçon. Le nouveau modèle continue de définir la maçonnerie de manière « classique », dans la tradition andersonienne. On reste dans l'héritage de la philosophie des Lumières et dans un spiritualisme assez flou pour ne pas trop gêner les consciences. Ce premier toilettage se fait cependant dans une Obédience qui, depuis l'amendement Charles Duez adopté le 13 avril 1849, précise que la Franc- Maçonnerie « a pour base l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme ».


L'après-Convent de 1877 conduit à des retouches plus hardies. En 1879, le Grand Collège des Rites, chargé par le Conseil de l'Ordre du Grand Orient, fait disparaître des rituels les formules trop ouvertement religieuses, comme la référence au Grand Architecte de l'Univers, les devoirs envers Dieu au 1°, l'explication métaphysique de la lettre G au 2° et l'invocation à Dieu du signe d'horreur au grade de Maître. En 1886, une commission de 12 membres, présidée par l'avocat Louis Amiable (1837-1897), procède à une nouvelle révision adoptée en Conseil de l'Ordre les 15-16 avril. Le nouveau rituel français, qui prendra le nom de son principal rédacteur, est accompagné d'un « rapport sur les nouveaux rituels pour les loges » rédigé par Amiable lui-même. Ce codicille explique que le nouveau texte se réfère grandement au positivisme. Sa philosophie générale est la « neutralité entre les diverses croyances » et le fait que « les données certaines fournies par l'état actuel de la science devaient être par nous mises à profit ». Daniel Ligou a présenté les violentes critiques adressées au rituel Amiable par Oswald Wirth. Un rapport d'Amiable, adopté par le Grand Collège des Rites et transmis par le Conseil de l'Ordre du Grand Orient à toutes les loges en mars 1896, clôt provisoirement le débat. Durant ce demi-siècle, le rituel Amiable, quelque peu modifié en 1907 sous l'autorité du Grand Commandeur Jean-Baptiste Blatin, restera en l'état jusqu'en 1938, date où, sur l'initiative d'Arthur Groussier, alors Grand Maître du Grand Orient pour la 9ème fois, un nouveau modèle du Rite Français est adopté. La nouvelle version est une tentative de retour aux sources symboliques du système français.


En 1955, la version définitive du rituel Groussier, légèrement aménagée dans la forme sous l'autorité de Paul Chevalier est imprimée et diffusée. Malgré quelques apports et quelques ajouts opérés par un certain nombre de loges, le rituel Groussier est toujours en vigueur aujourd’hui dans les Loges du grand Orient de France. Dans le long travail de reconstruction des obédiences dans l'après-guerre, des maçons érudits et/ou versés dans les recherches initiatiques ou symboliques souhaitent retrouver ou revivifier les potentialités de la tradition maçonnique française du XVlIIème siècle.


Ainsi, au sein du Grand Orient de France, des maçons regrettent que les frères attirés par le symbolisme et le respect des pratiques rituelles quittent le Rite Français pour le Rite Ecossais. Ce petit groupe pense que l'on peut concilier option symbolique et rigueur rituelle au sein du Rite Français. Ses membres auraient pu utiliser le modèle imprimé du Régulateur du Maçon (1801). Ils préfèrent essayer de reconstituer à partir de ce dernier, mais en y incluant des ajouts tirés de divers documents du XVIIIème siècle, un rituel proche de celui qui est pratiqué dans la franc-maçonnerie française adolescente. Ainsi, sous l’impulsion de René Guilly, naît le Rite Français Rétabli, qui s'inscrit dans la tradition de la Grande Loge Anglaise, car il est fidèle à la version implantée en France et traduite en français, « Rétabli » pour affirmer que le texte est le résultat d'un travail de reconstruction, de recomposition et de restitutions historiques, symboliques et philologiques.


Quelques frères de la rue Cadet, fondateurs ou affiliés à la Grande Loge Nationale Française Opéra, devenue Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, apportent en 1958 le Rite Français Rétabli à la nouvelle Obédience.


En avril 1968, trois Loges quittent la GNLF Opéra pour constituer une Fédération de Loges sous le nom de Loge Nationale Française (L.N.F.).


Ces trois Loges, « Jean-Théophile Désaguliers », Fidélité » à l'Orient de Neuilly-sur-Seine et « James Anderson » à l'Orient de Lille, étaient régulièrement détentrices des Rites suivants:


le Rite Moderne Français Rétabli (R.M.F.R.), le Rite Ecossais Rectifié (R.E.R.), le Rite Anglais Emulation (R.A.E.).


En 1973, les deux pôles principaux se séparent et il existe momentanément deux L.N.F., l'une à Paris, à tendance plus théiste, et l'autre à Lille, plus humaniste.

En 1976, la L.N.F. de Lille, alors conduite par son fondateur et Grand Maître Général, René-Jacques Martin, intègre une Loge mixte indépendante « Le Temple de la Paix Céleste » et décide de modifier son Titre Distinctif, la L.N.F. étant, jusque là, strictement masculine.

D'abord, la L.N.F. de Lille retient le Titre de : « Ordre Maçonnique Universel Humanitas pour les Pays de Langue Française - Grande Loge Indépendante et Souveraine des Rites Unis ». Mais ensuite il est décidé de réserver le titre « GLISRU » aux seules Loges symboliques ou Loges bleues (3 premiers degrés), le titre « Humanitas » regroupant les Ateliers supérieurs (pour le Rite Moderne Français Rétabli les 4 Ordres).


Le 11 novembre 1991 est fondée à Genève la Loge mixte « La Concorde », qui adhère à la GLISRU et adopte le Rite Français Moderne d’après les Rituels de 1786.

Elle reçoit de la GLISRU des constitutions symboliques (« patente ») l’autorisant à « se livrer aux travaux des premiers grades symboliques de la Maçonnerie du Rite Français Traditionnel ».


Son fondateur et premier Vénérable en Chaire est installé le 13 novembre par la Loge de Maîtres Installés d'Ile de France (GLISRU), à Paris.


Le 16 avril 1992 il est reçu Chevalier Rose-Croix dans le Rite Français (4e Ordre du Rite) par le Très Puissant Souverain Grand Commandeur René-Jacques Martin, dans le Chapitre « La Rose et le Lys » (Sublime Grand Chapitre Magistral du Grand Globe Français, Suprême Conseil de l’Ordre Maçonnique Universel « Humanitas » pour les Pays de Langue Française), à Lille. (Cf. Annexe)

Tablier





Constatant, presque quinze ans après sa réception au 4e Ordre du Rite Français, qu’il n’existe toujours pas de Chapitre Rose-Croix mixte de Rite Français, ni d’Autorité maçonnique régissant des Chapitres mixtes de ce Rite en Suisse, qui est donc territoire maçonniquement inoccupé à cet égard, par les pouvoirs qui lui ont été conférés avec la filiation initiatique qu’il a reçu et par les anciens privilèges des Souverains Princes Rose-Croix, il fonde à Genève le 13 avril 2006 le Souverain Chapitre Mixte « La Rose-Croix du Léman », qui le 21 avril 2012 est devenu membre du Suprême Conseil Mixte du Rite Français Moderne pour la Belgique,


Dans la continuité de la Loge « La Concorde » (devenue en 2008 « L’Amitié »), Loge qui travaille au Rite Français Moderne d’après les rituels de 1786, le Souverain Chapitre Mixte Indépendant « La Rose-Croix du Léman » a décidé de travailler au même Rite d’après les textes les plus anciens connus, rédigés à Paris en 1786.



Couleur



Ainsi il existe désormais à Genève la possibilité de travailler au Rite Français Moderne dans la totalité des ses 7 degrés :

le 3 degrés symboliques : Apprenti, Compagnon et Maître en Loge bleue (« L’Amitié ») ;

les 4 Ordres : Elu Secret, Grand Elu Ecossais, Chevalier d’Orient (ou de l’Epée) et Chevalier Rose-Croix (ou de l’Aigle, appelé aussi Souverain Prince Rose-Croix) dans le Chapitre « La Rose-Croix du Léman ».



Tabliers



Tablier


Fait à Genève a l’Equinoxe d’Automne 2008 E.C.


le T.'.S.'. et T.'. P.'.M.'.


F. F.



Annexe : Filiation du Chapitre français « La Rose et le Lys » de Lille.


-Lettre autographe du TRF René-Jacques Martin au F Jean van Win, en date du 5 février 1989 (extraits) :


«La laïcisation des rituels du Grand Orient de France a amené, aux environs des années 60, certains FF à se pencher sur le passé de leur rite, et partant, sur son devenir. Le Rite a été intitulé « Rite Moderne Français Rétabli ». La formulation doit être respectée scrupuleusement. Moderne : pour indiquer la filiation par la « Grande Loge des Modernes » de Londres (1717) ; Français : pour marquer les apports ultérieurs des Français : apports compagnonniques et les quatre Ordres supérieurs : le 1er Ordre Elu Secret : le 2e Ordre de Grand Elu Ecossais ; le 3e Ordre de Chevalier de l’Epée ; le 4e Ordre de Souverain Prince Rose Croix. Rétabli : pour préciser la reprise en compte des symboles « disparus ». La première loge s’intitulait « Du Devoir et de la Raison », Orient de Paris, GODF. Devant certaines difficultés rencontrées au sein de leur obédience, les FF du GODF se fixèrent dans une loge de la GLNF-Opéra : « les Forgerons du Temple ». Ils transformèrent le titre distinctif qui devint « Jean-Théophile Désaguliers ». Une seconde loge à l’Orient de Lille fut fondée par moi, intitulée « James Anderson », et installée le 10 mai 1964 par Pierre de Ribaucourt et René Guilly, qui était alors VM de Désaguliers.

René Guilly fit recevoir Souverain Prince Rose Croix quelques FF parisiens par le chapitre « De Roos » (La Rose) travaillant au Rite Néerlandais. En fait, il s’agissait du même rite.

Le chapitre Rose Croix « De Roos » était présidé par un professeur de l’université de Djakarta, qui avait été prisonnier des Japonais, dont il conservait le plus mauvais souvenir : Hendrik (Henri) van Praag. Ce frère était déjà âgé en 1963. Le 30 novembre 1963, le chapitre « De Roos » comprenant son Très Sage van Praag, deux FF hollandais et ses membres français ouvrirent régulièrement les travaux, installèrent le Très Sage René Guilly, ses Officiers, et consacrèrent le nouveau chapitre sous le titre distinctif « Jean Théophile Désaguliers », au temple de la villa des Acacias à l’Orient de Neuilly-sur-Seine.


Ils affilièrent des FF français déjà Rose Croix dont moi-même (j’ai été reçu Rose Croix par le chapitre « la Lumière du Nord », Vallée de Lille, sous l’obédience du Grand Collège des Rites). Ce jour-là furent initiés Rose Croix les FF Pierre de Ribaucourt, l’écrivain Pierre Mariel, Bob Rouyat, Vincent Planque, Harmut Stein […]. J’oubliais le F Fano, futur Grand Maître de la GLNF-Opéra. Le Souverain Grand Commandeur du Collège des Rites, Francis Viaud, en raison de ses fonctions, n’avait pas pu assister à la tenue, mais est apparu aux agapes. En 1968, les ateliers « français » quittèrent la GLNF-Opéra à la suite de l’affaire Louis Pauwels, mais c’est une autre histoire. Ils fondèrent une fédération qui prit le nom de Loge Nationale Française (LNF) installée principalement à Paris et à Lille.

La LNF se sépara en 1975 en deux tronçons : Paris et Lille. Par la suite, un ancien Vénérable de J.T. Désaguliers, le journaliste Roger d’Alméras, se sépara de René Guilly et créa le chapitre français intitulé, si mes souvenirs sont bons, « la Chaîne d’Union ». En 1976, je crée mon propre chapitre français sous le titre « la Rose et le Lys » qui pratique les quatre Ordres. J’ai également communiqué le rite à des FF du Midi, notamment le F Jean Abeille, qui est actuellement le Régent du Rite Ecossais Rectifié du Grand Collège des Rites ».






Retour au menu Cliquez ici. . Quitter le site ici